
Le dossier s’ouvre sur un constat partagé : la filière numérique de l’enseignement supérieur et de la recherche reste marquée par un manque d’attractivité et de reconnaissance.
La mesure M29 du COREALE (Comité numérique pour la réussite étudiante et l’agilité des établissements) identifie des symptômes récurrents : vieillissement des effectifs, difficulté à recruter, rémunérations peu compétitives, absence de plan de carrière.
Face à ces tensions, trois priorités structurent la feuille de route :
- développer une marque employeur numérique pour le service public ;
- reconnaître la contrainte d’astreinte propre aux métiers du numérique ;
- bâtir une GPEEC dédiée pour anticiper les départs massifs à venir.
Une approche à la fois lucide et stratégique : sans ressources humaines consolidées, il ne peut y avoir de souveraineté numérique.
2. Former pour durer : un schéma directeur national
La mesure M30 du même dispositif poursuit ce travail en posant les bases d’un schéma directeur national de formation des métiers du numérique.
Portée par Emmanuelle Vivier (CSIESR) et Marie-Béatrice Celabe (Sup’DRH), cette mesure propose une structuration pluriannuelle des parcours de formation, fondée sur cinq principes :
souveraineté, sécurité, numérique responsable, cloud computing et ouverture des données.
Le CSIESR y joue un rôle central : conception d’un portail de formation, mutualisation des ressources, animation d’une communauté apprenante.
Un projet qui vise à fédérer les établissements autour d’une montée en compétences durable et partagée.
3. Gouverner autrement, attirer autrement
Dans sa contribution, Gilles Roussel (France Universités) souligne un déplacement majeur : le numérique universitaire ne se réduit plus aux infrastructures mais engage des politiques RH, pédagogiques et organisationnelles.
Sobriété, IA, cybersécurité, data : autant de défis qui appellent des métiers nouveaux et des trajectoires hybrides.
Pour rendre ces postes attractifs, les universités doivent désormais jouer sur d’autres leviers :
le sens du travail, la qualité de vie, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, la formation continue, et l’ouverture à l’interdisciplinarité.
4. Les Grandes écoles en mouvement
La Conférence des grandes écoles (CGE), par la voix de Caroline Roussel (IESEG) et Marie Salvan, montre une filière plus offensive :
formations hybrides ingénierie-management, programmes IA et cybersécurité, partenariats avec les entreprises, sensibilisation au numérique responsable.
Mais les défis demeurent : faible féminisation des écoles d’ingénieurs, déficit d’image du secteur, et besoin d’une culture numérique éthique et inclusive.
Des initiatives comme TechPourToutes ou la Fresque du Numérique esquissent cette évolution nécessaire vers un numérique plus équilibré et conscient.
5. Vers une politique RH à la hauteur des enjeux
Pour Valérie Gibert (ADGS), attirer et fidéliser les talents suppose de repenser l’ensemble du cadre RH :
gouvernance partagée, marque employeur, rémunérations ajustées, conditions de travail flexibles, reconnaissance de l’expertise et égalité réelle des parcours.
Les vice-présidents numériques, rappelle Romuald Arnold (VP-Num), deviennent des acteurs politiques de premier plan, garants d’une approche décloisonnée entre directions SI, pédagogie et recherche.
Leur rôle : faire reconnaître la compétence numérique comme un pilier de la mission universitaire.
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6. DSI : oser d’autres modèles
Les directions des systèmes d’information (A-DSI) appellent à une prise de conscience : la tension RH est telle qu’il faut parfois « oser faire autrement ».
Mutualisation inter-établissements, recours ponctuel à des prestataires, ou réallocation des budgets de masse salariale vers le fonctionnement : des solutions souvent taboues mais pragmatiques.
Leur message : la qualité du service dépend avant tout des femmes et des hommes qui le portent — pas des seuls outils.
7. Le CSIESR, colonne vertébrale de la formation numérique
Créé en 1981, le CSIESR incarne la continuité de cette dynamique :
plus de 240 sessions de formation par an, 1000 agents formés, un réseau national de compétences et de solidarité.
Grâce à ses financements mutualisés et à son ancrage dans la communauté, il constitue l’un des rares espaces de formation durable et équitable pour les personnels du numérique universitaire.
8. Ce que révèle ce numéro
Derrière les diagnostics, un fil rouge :
👉 la transformation numérique ne réussira que si elle repose sur une écologie humaine des compétences.
Ce numéro en fait le pari : construire des parcours, reconnaître des métiers, donner du sens et du temps aux équipes.
🟫 Analyse Seira
L’Amue signe ici un numéro essentiel pour comprendre la mutation silencieuse de l’ESR : celle de ses métiers supports, longtemps invisibles, désormais stratégiques.
Là où l’on parlait hier de « systèmes » et de « processus », on parle aujourd’hui de trajectoires professionnelles, d’attractivité, de souveraineté et de culture numérique partagée.
L’enjeu n’est plus d’informatiser l’université, mais de l’humaniser à l’ère du numérique.









